Bonjour,
il est attendu d’un peintre qu’il s’exprime en plus par des mots…
comme si les mots pouvaient fournir des clés pour permettre à tous d’accéder
à un je ne sais quoi de la peinture,
qui ne serait pas de l’ordre de l’évidence.
Une sorte de notice technique susceptible de faire comprendre là précisément où rien n’est à comprendre sinon à investir, à occuper, à inventer…
La peinture ne peut être assujettie à un contenu de pensée,
elle est expérience d’un échappement de soi,
et en tant que telle, procède comme analyseur viral
pour chacun, qui la voit, la regarde
et la pense…
La peinture ne transmet rien,
au mieux, elle construit des conditions subjectives nécessaires
et non suffisantes pour l’autre,
pour des agencements et des constructions, dans l’ordre du désir…
je vous propose donc de descendre
au centre de votre gravité,
pour vous vivre comme l’origine même de cette peinture là…
au fond,
vous y trouverez un ensemble de règles,
d’exigences et de méthodes
qui sont les vôtres…
Vont-elles résonner avec la forme de ma peinture ?
vos percepts vont-ils faire ressurgir des souvenirs enfouis ?
Des sensations, des images, des idées…?
Va-t-il y avoir une coalescence des unités de cette gravitation de formes et d’idées ?
Du sens va-t-il naître spontanément sous vos yeux,
venu de l’intrication des deux poétiques d’espace, la vôtre et la mienne…?
L’interface sera-t-elle fertile ? existera-t-elle ?
existe-t-elle seulement ?
peut-être,
mais peut-être pas…
Je ne peux parler de ma peinture
que d’une façon générique,
c’est la rançon de la distanciation nécessaire pour le faire…
Ce court texte ne peut servir qu’à vous renseigner
sur mon « certain rapport « à ma peinture …
En vous parlant d’elle je l’invente, encore une fois,
autre évidemment,
comme je vous invite à le faire à votre tour,
car si la peinture existe, c’est sans doute dans cette marge de l’intime
et certainement pas dans son inscription sociale…
Joseph Maureso