Cloître d’Arles-sur-Tech

Cloître d’Arles-sur-Tech

Un petit texte à l’attention de celles et ceux qui se demandent
qui est Joseph Maureso ?

Je suis l’auteur de ces peintures.

(Peu importe qui je suis, et peu importe le territoire identitaire singulier dont ces peintures sont la trace…
Peu importe si une infime partie de ces peintures témoigne d’une part d’intentionalité, d’une attitude, d’une démarche, d’une participation à je ne sais quels enjeux exclusifs et excluants de la peinture d’aujourd’hui…
Peu importe de savoir si je bénéficie ou non de je ne sais quelle reconnaissance sociale, si j’ai exposé dans je ne sais quelle galerie, musée, instance culturelle proche de l’institution ou du marché de l’art et faisant autorité…
Peu importe qui je suis, car la rencontre, si toutefois elle se fait, c’est avec ma peinture et non avec moi.

Ma peinture est la construction d’agencements de morceaux « d’espace/temps » dont les connections n’ont pas été prédéterminées.
Pour moi, peindre c’est créer des conditions subjectives qui vont produire des potentialités de connections possibles.
Ma peinture vous regarde, et c’est de vous dont il est question quand vous regardez ma peinture.
Toute tentative d’évitement de la peinture est tentative d’évitement de soi.
Peu importe son auteur, sa matière, sa technique, son histoire, sa reconnaissance, le travail ou la valeur marchande…
En regardant ma peinture c’est de vous dont il s’agit, pas de moi.

Si une interface fertile apparaît de la rencontre entre vous et ma peinture, sujet regardant ma peinture, alors profitez de cette aubaine, car toute information sur sa destination sociale ou la mienne gâcherait le moment…

Rencontrer une peinture est un moment rare durant lequel le rapport intime au monde résonne en dehors de l’égo).

Merci de m’avoir lu,
merci d’avoir regardé ma peinture
vous lui donnez du sens.

Joseph Maureso

Musée de Cerdagne

Musée de Cerdagne

« d’une gravure l’autre »
Musée de Cerdagne

Cal Mateu

L’altérité au centre de l’être

Dernier acte dans la chronologique des processus intriqués d’existence et de création.
Un acte qui contient les 5 autres et met l’accent sur la question : l’altérité au centre de l’être.

Il y a là comme une boucle, un enroulement comme ceux qui régissent les topologies analytiques de mes œuvres peintes, dans la formulation même, on retrouve l’acte 1, la gravité au centre de l’être et on ne peut s’empêcher de mettre en perspective la gravité et l’altérité, se partageant un même sanctuaire ultime de l’être.
il semblerait que ces règles fondamentales autour desquelles nos vies se raccrochent ne seraient rien sans ce vide constitutif qui les séparent, et les retroussent parfois ….
il faut accepter de procéder sur cette contradiction de structure car c’est précisément elle qui nous permet à la fois une distanciation, une mise en perspective de notre socle théorique face à la contextualité changeante du réel et à la fois une immersion simultanée.

il faut accepter que notre identité soit habitée par de la discontinuité, qu’elle puisse s’écarter de la trajectoire que nous avions anticipé pour elle, dès lors qu’elle continue de résonner avec le socle permanent et continu qui nous fonde.

A Cal Mateu, nous ne sommes plus dans un monument emblématique dédié à un Dieu ….
nous sommes dans un espace dédié à l’homme, à sa subsistance, un outil pour vivre.
D’ailleurs le Docteur en Archéologie Pierre Campmajo, à l’origine de la mise en lumière de cette ferme cerdane , voulait la donner à voir, à ressentir dans son activité originelle.
Il s’agissait alors de découvrir une ferme cerdane sinon en représentation mais en présentation, c’est à dire en activité.
Il y avait , comble de la médiation, un dénie de médiation à vouloir laisser le visiteur seul, face à ce morceau de réel.

Cette Ferme cerdane, bien que classée Monument Historique, est l’intruse dans la collection des édifices religieux choisis, elle retrousse par sa présence une lecture amorcée en 4 actes de l’ensemble du projet …
Elle déplace le sacré des Cieux vers le ciel, de Cerdagne…
Elle sera investie par notre collectif avec la même envie, le même engagement, la même intentionnalité, et seule son inscription sociale sera une erreur dans la logique du projet et ouvrira une brèche réflexive.
L’altérité sera pour le coup au centre de la réflexion portée sur le projet.

..

 

 

 

 

 

 

 

Musée Etienne Terrus

Musée Etienne Terrus

Exposition au musée Étienne Terrus à Elne en 2015  :

Une mise en espace ou plutôt en « mural » très convenue, le profil du musée en question oblige,  et en même temps cet accrochage ouvre sur une expérience nouvelle pour moi, et banale en soi. La contextualisation modélisée  ne présentant pas d’intérêt, la peinture se recroqueville sur son fonctionnement endogène. Enfin se recroqueville, c’est une façon de parler… j’induis l’idée qu’elle se prive de la « sémiogénèse » d’une contextualisation en résonance, mais toutefois  elle a pour elle de pouvoir toujours résonner au contact du regard de l’autre. Peut être mieux encore puisque lâchée, livrée à elle même et sans lien de sens avec son « papa » ( moi en l’occurrence…)

J’ai le  sentiment d’abandonner une œuvre sans médiation, c’est à dire d’accepter qu’elle puisse, sans moi pour créer les conditions de sa mise en regard, susciter, provoquer, inciter, intriguer etc..

Pourtant la force du rituel, ici l’accrochage convenu, est une règle de la vie sociale au travers de laquelle j’aime envoyer des signaux, des signaux pour celle ou celui en capacité de les percevoir, de les interpréter, ou mieux encore de les investir…ou mieux encore d’échanger…

Fort Lagarde à Prats de Mollo

Fort Lagarde à Prats de Mollo

« Intrications » été  2015

est une installation des sculptures de liège du plasticien Claude Massé et de mes grandes peintures dans les salles non réhabilitées du Fort Lagarde de Prats de Mollo en Vallespir.Une installation contextualisée dans le fort avec un jeu de résonances entre l’œuvre de Claude et la mienne. Ici contre toute attente, l’œuvre de Claude et la mienne, développées dans des registres de forme radicalement différents, voire opposés, hormis un registre de couleurs naturelles , lièges , schistes, granits, enduits de chaux , sables….ouvrent le regard sur poétique d’espace nouvelle, entre fond et figure, et un va et vient dialectique s’instaure qui scrute les arcanes d’un récit improbable de ces personnages grandeur nature et de mes abstractions devenues plus paysagées que jamais…

Une interface étirée entre deux rapports à la pratique aux antipodes, qui induit l’idée que la raison n’a rien à voir dans la force expressive d’une œuvre, que la relation entre l’œuvre et le sujet actant l’œuvre est caduque puisque  Ici le sujet en question est non seulement bicéphale mais encore pourvu de 4 mains indépendantes deux par deux.

 

A cent mètres du Centre du Monde

A cent mètres du Centre du Monde

Bonjour,

il est attendu d’un peintre qu’il s’exprime en plus par des mots…

comme si les mots pouvaient fournir des clés pour permettre à tous d’accéder

à un je ne sais quoi de la peinture,

qui ne serait pas de l’ordre de l’évidence.

Une sorte de notice technique susceptible de faire comprendre là précisément où rien n’est à comprendre sinon à investir, à occuper, à inventer…

La peinture ne peut être assujettie à un contenu de pensée,

elle est expérience d’un échappement de soi,

et en tant que telle, procède comme analyseur viral

pour chacun, qui la voit, la regarde

et la pense…

La peinture ne transmet rien,

au mieux, elle construit des conditions subjectives nécessaires

et non suffisantes pour l’autre,

pour des agencements et des constructions, dans l’ordre du désir…

je vous propose donc de descendre

au centre de votre gravité,

pour vous vivre comme l’origine même de cette peinture là…

au fond,

vous y trouverez un ensemble de règles,

d’exigences et de méthodes

qui sont les vôtres…

Vont-elles résonner avec la forme de ma peinture ?

vos percepts vont-ils faire ressurgir des souvenirs enfouis ?

Des sensations, des images, des idées…?

Va-t-il y avoir une coalescence des unités de cette gravitation de formes et d’idées ?

Du sens va-t-il naître spontanément sous vos yeux,

venu de l’intrication des deux poétiques d’espace, la vôtre et la mienne…?

L’interface sera-t-elle fertile ? existera-t-elle ?

existe-t-elle seulement ?

peut-être,

mais peut-être pas…

Je ne peux parler de ma peinture

que d’une façon générique,

c’est la rançon de la distanciation nécessaire pour le faire…

Ce court texte ne peut servir qu’à vous renseigner

sur mon « certain rapport « à ma peinture …

En vous parlant d’elle je l’invente, encore une fois,

autre évidemment,

comme je vous invite à le faire à votre tour,

car si la peinture existe, c’est sans doute dans cette marge de l’intime

et certainement pas dans son inscription sociale…

Joseph Maureso

Casa Carrere à Bages

Casa Carrere à Bages

Exposition à la maison Carrere de Bages, exposition partagée avec le peintre Patrick Soladie – été  2009

Sur les photos, un dispositif de 6 volumes  ( roseaux, cordelette de chanvre, profil polyester , acrylique …) qui participent tous d’une même oblicité, d’un même recouvrement coloré allant du livide au lie de vin, d’une même cambrure arrogante et dérisoire,  Certains sont pourvus d’un sexe de roseau , turgescent et violacé et leurs torses sont animés d’un souffle vain, immobile.

Je décris simplement ce que les photos ne montrent pas forcément et qui fut l’objet de mon intention. Je me demande bien quelles sont les raisons, les mobiles, les résonances affectives ou idéologiques etc… qui ont pu présider à la décision d’imager de tels objets…Je les ressens encore comme la trace d’une faille de ma personnalité, et c’est sans doute pour cela que je les aime encore…

Sous la tente à Bordeaux

Sous la tente à Bordeaux

 

« Sous la tente » à Bordeaux  –   2011

Installer son travail dans l’espace alternatif « sous la tente »,  à Bordeaux, chez Christophe Massé,  est une aventure forte ! Forte à bien des égards …

Ce n’est pas tant le lieu ou son principe original de fonctionnement, mais plutôt la personnalité de l’hôte. Hospitalier, généreux et délicat, il porte sur lui la profondeur an-amnésique  de sa famille et déporte simultanément la surface d’une identité de rupture, de frontalité qu’il exprime tant par ses textes que par ses actions performatives où règne la plasticité, au sens d’une poétique visuelle. Son regard est aiguë, il voit tout et oblige sans le vouloir une rigueur extrême. Il cristallise autour de lui tout un aréopage d’êtres hors normes  et à son contact analyseur, on se sent dégagé du fardeau des contingences sociales habituelles. « Sous la tente » souffle un vent de « liberté » que je ne suis pas prêt d’oublier…

 

Espace Lambert à Thuir

Espace Lambert à Thuir

Le « trou dans l’appeau » Espace Lambert à Thuir été 2013

Cette exposition reprend tous les éléments de l’exposition « le trou dans l’appeau » de 2012 à la Maison de la Catalanité à Perpignan, tous les éléments ou presque, à ceci prêt, qu’ils sont engagés dans un mode d’investissement de ce nouvel espace Lambert d’une façon radicalement différente puisque indexée sur le lieu, comme j’aime le faire. L’exposition précédente avait été conçue pour la maison de la Catalanité,  derrière la cathédrale st Jean, un espace conçu et réalisé par un architecte, avec tout ce qu’il faut pour repérer qu’il s’agit bel et bien d’une réalisation d’architecte, béton lissé au sol, métal rouillé stabilisé pour les portes et les huisseries etc….La typologie des formes des matières et des couleurs avait été prise en charge dans mon projet d’investissement du lieu y compris la symbolique du dos de la cathédrale . Je craignais que cette exposition transposée dans un autre lieu perde tout son sens, ce fut le cas mais contre toute attente, c’était bien mieux.

Quelle leçon puis-je tirer de cette expérience ?

Je peux  dire que moins on maitrise le sens, en tant que sujet actant l’œuvre,  que ce soit au niveau de la formation elle-même de l’œuvre qu’au moment de son installation contextuelle, et plus l’œuvre s’ouvre au regard de l’autre comme à notre propre regard. On remplace l’univocité de la chose induite par la plurivocité des jeux spontanés des signes endogènes et exogènes au travail au moment de la contextualisation de l’œuvre. l’œuvre doit s’affranchir du sujet actant l’œuvre, s’affranchir  de toute démarche, de tout enjeu proclamé pour exister en tant que telle. Une œuvre comme un enfant ne peut se construire qu’à partir de son émancipation.

 

Maison de la Catalanité

Maison de la Catalanité

« Le trou dans l’appeau » d’après un texte poétique d’Evelyne Maureso.

installation de peintures – géotextile / acrylique – et de sculptures -noisetier / cordelette de chanvre / latex naturel

Maison de la Catalanité à Perpignan

Hôpital du Val de Grâce

Hôpital du Val de Grâce

« Closques » stratifié polyester 250×120

installation dans le hall d’entrée de l’hôpital du Val de Grâce à Paris – 2009

Incongrue, cette exposition de « Closques », interprétée contextuellement comme exposition de « cloques », je rappelle que nous sommes dans un hôpital, pas n’importe lequel d’ailleurs  puisqu’il s’agit du Val de Grâce. L’œuvre colossale d’Ipousteguy , magnifique allégorie de bronze prévue pour ce lieu emblématique, a du supporter un temps  la promiscuité de mes coquilles vides, restes d’un drôle de repas, celui de la formation elle-même d’une œuvre, dans l’ombre de son atelier.

Œuvre repérée par mon amie Isabelle Bory, puis introduite dans ce lieu d’art atypique improvisé , dans son hall d’entrée aux proportions impressionnantes et à l’architecture étrange. Ce fut un plaisir pour moi bien sûr de travailler cette ambiguïté, de construire et d’agencer une poétique d’espace en tenant compte, à la fois de la structure architecturale, un chapelet d’ilots coniques de briques plates, et à la fois du territoire en élévation de mes  cuillères de ciel  ( comme elles furent interprétées…).

Des pupitres étaient disposés sur le parcours pour donner à lire des textes poétiques d’Évelyne Maureso,  qui ont comme d’habitude constitué  des clés, non pas pour comprendre ce qui n’est pas à comprendre, mais des clés pour investir cet espace exotique en ces lieux….